C’est dans les années 20 que Valéry, galochier de son métier, et sa femme Jeanne ont fondé leur foyer dans cette maison dauphinoise en pisé du village d’Oyeu, dans les terres froides (Isère), maison qui a certainement retrouvé une nouvelle vie grâce à eux, au cœur du village. Ils étaient les grands-parents.
Très vite, un tilleul fut planté au pied de la fontaine pour enchanter tous les sens : odeurs enivrantes de la fleur épanouie en juin, ombre rafraîchissante aux heures les plus chaudes de l’été, refuge de nuées d’oiseaux rivalisant de mélodies allègres aux premières lueurs de l’aube, accompagnés du doux clapotis de la source, feuillage au vert sombre reposant à la vue, tronc fort et rugueux pour affronter les rigueurs de l’hiver.
Marthe tout d’abord vit le jour dans la maison en 1925, puis Noël en 1928. Enfance rustique et simple mais sans doute heureuse jusqu’aux sombres années de guerre. Quelque temps, Marcel, le frère et associé de Valéry à l’atelier de galoches, a vécu dans une partie de la maison avec sa jeune femme Edmée avant de construire sa propre demeure juste à côté.
Dans les années 50, Marthe rejoignit son mari Fernand à Charavines et Noël épousa la belle Gabrielle de Burcin, dite Gaby, à la réputation de fille travailleuse et intelligente qui le rejoignit dans la maison d’Oyeu avec ses beaux-parents. Noël travaillait dur à la ferme en la modernisant petit à petit et Gaby trimait à l’Usine – il n’y en avait qu’une, l’usine textile SITEL, qui faisait vivre la moitié du village – pour faire bouillir la marmite tandis que la fabrique de galoches périclitait suite à l’arrivée du modernisme apporté par les américains.
C‘est ainsi que le pépé Valéry préféra tirer sa révérence peu de temps après la naissance de Michel, premier fils de Gaby et Noël. 4 ans plus tard c’est son frère Gilles qui voyait le jour en hiver sous la bénédiction du tilleul. L’un et l’autre grandirent sainement et simplement à la campagne, au fil des saisons dans la demeure sur laquelle le temps ne semblait pas avoir prise. L’un et l’autre s’en éloignèrent un peu pour aller faire des études et débuter leur vie professionnelle.
Michel revint au village y poursuivre sa vie en abritant sa famille dans une nouvelle maison construite juste derrière l’ancienne, à l’emplacement même d’un hangar construit par Noël. Gilles s’en éloigna davantage mais y revint toujours régulièrement se ressourcer pour les vacances et les dimanches en famille, trouvant la paix dans la chambre héritée de ses grands-parents. Le temps a continué à s’écouler lentement, longtemps, très longtemps….
La maison est toujours là, les habitants successifs qui l‘ont animée sont partis de ce monde -Valéry, Marcel, Jeanne, Edmée, Noël, Gaby, Marthe – ou ont avancé en âge – Michel, Gilles. Il est temps de passer la main, elle doit poursuivre sa vie. Bientôt, ce sont de nouveaux hôtes qui vont lui donner un bain de jouvence en effaçant quelques rides mais pas son histoire. Ils prendront soin je suis certain de l’âme de la maison Meunier-Carus, près de la fontaine.
Entrez dans cet album, comme vous rentreriez dans la maison ! A travers ces photos glanées, elle en a des souvenirs à vous raconter, de la cave au grenier, de la fontaine au jardin ! Regardez ! Sentez ! Ressentez !