Combien de petits hameaux furent abandonnés après chaque guerre pour devenir des ruines, des histoires oubliées de familles paysannes aux nombreux enfants pour la plupart du temps. Ces guerres impitoyables, faucheuses d’hommes et de paysans partis défendre la patrie, la liberté, avec un retour peu probable car l’issue déjà connue, la mort sur les champs de batailles, seuls dans des trous d’obus, nourrissant de leur sang et de leurs larmes des terres inconnues.
Ces hommes, défenseurs de la liberté, patriotes, indispensables aux travaux de la terre, une terre souvent taciturne, peu fertile, caillouteuse, épineuse, exigeant autant de sacerdoce que la patrie.
Coste-Belle est un ancien hameau situé à 1373 mètres d’altitude sur les flancs du massif des trois Autanes – la Récula, la Grande Autane et la Petite Autane – au dessus de Pont-du-Fossé commune Champsaurine.
Entre les murets de pierres sèches plus aucun cri ne résonne, mais chaque ruine témoigne encore. Un lieu de mémoire qui s’efface doucement sur la pointe des pieds.
En ces temps là, dans cette contrée, vivre se méritait. Chichement, avec parcimonie, la vie s’égrenait entre les saisons. Les bons gestes, le bon sens se transmettaient, s’inscrivaient même au fil du temps dans les gènes pour préserver ainsi l’héritage d’un savoir-faire essentiel pour se maintenir en vie. Seules les guerres et les épidémies rompaient le fil, ce fil déjà si tenu par les duretés de la vie montagnarde, balayant sans discernement des vies entières. Aujourd’hui, ces hameaux d’altitude vidés de leurs substances vives se laissent mourir au profit des ronces, des chardons et des orties qui, retrouvant un certain courage, dévorent avec autorité et revanche des pans de murs entiers.