Magnifique piscine olympique, esseulée au bord d'une départementale à 1060 m d'altitude dans un cadre naturel, qui exhibe sa proue défaite et vaincue par les lois de la rentabilité et qui, aujourd'hui, agonise et ose espérer une fin plus auguste. Cette piscine a manifestement connu des jours meilleurs. Son équipement en bassins est extraordinaire : bassin de 50 m pour la compétition, fosse à plongeons, gradins pour les familles et un public de connaisseurs, piscine intérieure chauffée… Récupérée par la nature, métamorphosée en mare artificielle, elle est devenue le territoire de chasse des hérons cendrés. De ces fosses nauséabondes, je m'attends presque à voir surgir des profondeurs opaques un monstre digne d'une BD fantastique. Dans le bassin intérieur, parmi les vestiges de matériels nautiques qui jonchent le sol, se morfondent des squelettes d'oiseaux, de batraciens et de chauves-souris pris au piège. Aucun bruit, pas un cri. L'endroit est dégradé mais apaisant. Il me prend même l'envie de m'asseoir sur un gradin en béton rongé par le temps, chauffé par le soleil, et d'attendre, je ne sais quoi, car rien ne peut plus arriver, ni coups de sifflet, ni clameurs… Les équipements sont figés et se décomposent inexorablement. Cependant, il m'est facile d'imaginer encore la vie trépidante et l'atmosphère sportive et conviviale qui animaient autrefois cette piscine d'altitude. Pourquoi cette idée saugrenue d'une piscine olympique si loin de tout et si haut ? Fût-ce l'idée d'un politique mégalo local ? Y-a-t-il eu lucidité ou seulement ambition électorale au point de créer un énième Titanic ? En tout cas, cette infrastructure aquatique fait figure de vitrine et éloigne le positionnement écologique que recherche la vallée ou du moins le département qui se gargarise d'être un « territoire d’excellence environnementale » ! Quel dommage et quel gâchis !